PACA : PAYS TOULONNAIS
C'est dans l'arrière-pays toulonnais que ce fruit dit piriforme prospère en France depuis que les Romains l'y ont introduit : la figue Bourjassotte de Solliès avec sa chair rouge, juteuse et sucrée.
© J Frizot. |
Porquerolles et son île, la rade de Toulon - la plus grande d'Europe, - la presqu'île de Giens et ses tromboli, La Seyne-sur-Mer et ses anciens chantiers navals… le Pays toulonnais respire la mer, bien sûr, la belle bleue vers laquelle regardent, telles des lucioles attirées par une trop forte lumière, des milliers de vacanciers en manque de soleil. Véritable porte de la Côte-d'Azur, le coin en a aussi, dans son arrière-pays, la rugosité, avec ses petites chaînes calcaires érodées comme des lames de rasoir. Oh, rien de bien impressionnant : des 783 m d'altitude (Mont du Grand Cap), voire des 801 m (Mont Caume), mais, quand même, de quoi faire plaisir aux randonneurs invétérés (GR 99, GR 51…) et donner cette impression depuis des millénaires d'être adossé à la montagne pour mieux admirer la mer. Au pays du Mistral et de la Tramontane, ces barrières naturelles freinent aussi les brumes marines dans leur pérégrination en direction des plateaux de l'arrière-pays de Signes et du Siou-Blanc.
75 % de la production nationale
C'est justement à cette montagne qu'est adossée la petite vallée du Gapeau, une de ces modestes rivières (1) locales qui ont patiemment raviné les pentes pour tailler dans les massifs des cuvettes propices aux cultures des hommes. Dans cette vallée, au fond tapissé de limons très anciens entremêlés de cailloutis tantôt calcaires, tantôt cristallins, la grande préoccupation prend des allures d'affaire d'état, comme dans d'autres régions la vigne ou l'olivier. Ici, c'est la figue qui domine. Et encore, dominer est un doux euphémisme ; pensez donc, pas moins de 75 % de la production nationale vient de cette vallée ! Vous êtes ici dans la seule région française où cette production prend une telle ampleur, où l'on ne parle qu'une seule langue, la figue Bourjassotte noire, l'emblème local porter haut comme un étendard. Celle que l'on a surnommée dans la profession la « violette de Solliès » a trouvé en terre toulonnaise un environnement idéal, les meilleures conditions de croissance, pour développer et délivrer toutes ses richesses. Il ne s'agit pas d'un énième artifice commercial, la vallée jouit d'un microclimat spécifique : les sols sont parfaits, l'ensoleillement l'un des plus importants de France. La figue de Solliès a aussi trouvé ici des hommes qui se battent pour produire le meilleur, créant un syndicat de défense en 1997. Aujourd'hui, ce syndicat porte le combat mené depuis quelques années sur l'obtention d'une I.G.P. (Indication Géographique Protégée) vers l'obtention d'une AOC à part entière. Sans parler des efforts liés à la production, sur l'emploi des nitrates, le développement de la lutte raisonnée, sans parler de la démarche d'une petite dizaine de producteurs du syndicat qui ont opté pour le label AB (Agriculture biologique)… La figue de Solliès, une belle violette à suivre de près, dès le 15 août pour les plus gourmand et les esthètes sur certains marchés !
(1) Selon la terminologie, on devrait parler de fleuve puisqu'elle se jette dans la mer, vers Hyères.
Article paru dans le supplément culturel hebdomadaire du journal quotidien Le Bien public intitulé Quartier libre n°198 (du 13 au 19 août 2004), J Frizot.
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