jeudi 15 septembre 2022

Edulcorants : un virage à 180 ° !??

Et si nous ingurgitions aujourd’hui nos poisons de demain ? C’est un peu le sentiment qui nous taraude aujourd’hui, alors que les médias se sont faits, ces derniers jours, l’écho d’une nouvelle qui revient sur un sujet tranché à l’époque, voilà presque 10 ans ! Les édulcorants, toxiques ou pas pour notre santé ?

© DR.

Les médias de toutes natures nous ont bien gentiment relayés l’information : une grande étude diligentée sous le nom de NutriNet-Santé(*) a été menée auprès de… plus de 103 000 volontaires en France. Cette étude a pour but d’étudier l’impact de tous les additifs alimentaires sur notre santé. Parmi ces produits, la présence des édulcorants, largement utilisés dans tous les aliments dits « allégés » en général et les produits laitiers – comme les yaourts, par exemple – en particulier.

Rappel d’une frénésie du « light »

Les édulcorants sont entrés dans notre alimentation voilà quelques poignées de décennies quand les industriels ont voulu nous vendre des produits que l’on disait alors moins caloriques, moins énergétiques : Coca-Cola light, crème fraîche allégée, repas préparés conditionnés en barquette annonçant des chiffres d’AJR (**) réduits !

Nombreuses et nombreux sont celles et ceux qui se sont jetés sur ces produits que ces mêmes producteurs industriels nous annonçent encore aujourd’hui comme « moins pire » que leurs originaux ! Aujourd’hui, si vous pouvez savoir si vous consommez des édulcorants, vous pouvez le savoir en repérant sur l’étiquette du produit la liste des ingrédients commençant par la mettre « E ». Par exemple :

·       le sorbitol (E 420),

·       le mannitol (E 421),

·       le xylitol (E 967).

·       l’aspartame (E 951),

·       la saccharine (E 954),

·       les cyclamates (E 952).

(attention : certains sont d’origine chimique, d’autres d’origine naturelle !)

Que découvre-t-on aujourd’hui ?

Les chercheurs de cette enquête ont établi un lien entre la consommation d’édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires : infarctus, AVC ou hypertension. Mieux. Le lien entre risque accru de cancer et l’aspartame s’en trouve conforté : « Cette étude prospective à grande échelle – NutriNet-Santé, NDLR - suggère, en accord avec plusieurs études expérimentales in vivo et in vitro, que les édulcorants artificiels, utilisés dans de nombreux aliments et boissons en France et dans le monde, pourraient représenter un facteur de risque accru de cancer » (extrait du site de l’Inserm, article paru le 24 mars 2022 sur les édulcorants).

Vers une suppression des produits « allégés » ?

Tout est une question d’équilibre. Car, si consommer de temps en temps des édulcorants ne semble pas dangereux pour la santé, revenir aux sucres « classiques » de type saccarose ne semble pas une bonne idée non plus : les recommandations des instances sanitaires, comme l’OMS par exemple, c’est d’essayer de limiter le goût sucré dans notre alimentation, donc tout à la fois le sucre et l’aspartame.

Quand on sait à quel point nos cerveau en sont friand depuis notre tendre enfance, ce n’est pas gagné.

 

1 - (*) - L’étude NutriNet-Santé est une étude de santé publique coordonnée par l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN, Inserm / INRAE / Cnam / Université Sorbonne Paris Nord), qui, grâce à l’engagement et à la fidélité de plus de 170 000 « Nutrinautes » fait avancer la recherche sur les liens entre la nutrition (alimentation, activité physique, état nutritionnel) et la santé.

Lancée en 2009, l’étude a déjà donné lieu à plus de 200 publications scientifiques internationales.

2 - (**) - AJR : les Apports Journaliers Recommandés, dont les mentions figurent sur les emballages de nos produits.

 

mercredi 31 août 2022

Comment nourrir la France ?

Les évènements climatiques de cet été 2022 et au-delà, ceux de ces derniers mois, particulièrement pauvre en intempéries, pose plusieurs questions. A commencer par celle de l’alimentation des Français.


 

Interrogé dans le « 1 » n° 411 paru le 24 aout 2022, l’agronome Philippe Pointereau évoque la possibilité de pouvoir nourrir toutes les Françaises et les Français après avoir fait le constat que nous étions l’un des pays les plus gros mangeurs de viandes au monde !

Selon lui, il conviendrait – au préalable de toute chose - de réduire au moins de moitié notre consommation de viande, ce qui réduirait notre consommation de protéines. Cela aurait pour effet de baisser la production de viandes (toutes espèces confondues). Cela permettrait de libérer quelque 500 000 hectares de terres agricoles qui seraient ainsi rendues à la production végétale. Au programme, l’augmentation de la production de fruits et de légumes, ce qui -toujours selon lui – ferait baisser les quantités importées de ces deux productions tout en orientant les Françaises et les Français vers un « un régime plus végétal ».

 

Les protéagineux à l'ordre dur jour 


Mais alors, que produire sur les étendues ainsi libérées ? Pour cet expert, des protéagineux comme les lentilles, les pois chiches et autres pois cassés, ces aliments ayant deux autres atouts : ils sont tous sources de protéines et ont aussi la propriété de fixer l’azote de l’air et nourrissent les sols. Cela aurait comme avantage de réduire la consommation d’engrais azotés, souvent importés.

A ce process, il faudrait ajouter la généralisation de consommations locales et de saisons, « privilégier les produits non raffinés » comme les pâtes complètes, par exemple.

A la lecture, ce raisonnement semble vertueux à plus d’un titre, mais quid des producteurs de porcs, poulets et vaches ? Quel coût pour cette transition ?

 

A lire dans ce même numéro du « 1 » :

Du béton dans vos assiettes, par Nathalie Blin, Tanguy Martin et Coline Sovran ;

Le Loir-et-Cher met les bouchées doubles, par Manon Paulic ;

• Les mauvais signaux de la PAC, par Aurélie Catalo ;

Entre autres édito, références et articles…

lundi 4 juillet 2022

Les produits végétaux interdits de la mention « steak »

Un décret publié au Journal Officiel le 29 juin dernier va interdire l'utilisation des dénominations « steak », « lardons » ou encore « saucisse » pour les produits à base de protéines végétales. Cette décision était très attendue par la filière animale qui plaidait le risque de confusion dans l’esprit des consommateurs

MaxpppPhotoPQR/Le Télégramme.



Tous les produits alimentaires confectionnés à base de protéines végétales ne pourront plus être dénommés avec les mots « steak », « lardons » ou encore « saucisse », et cela en application d’un décret paru au Journal Officiel cette fin juin. Celui-ci mentionne : « Il ne sera pas possible d'utiliser la terminologie propre aux secteurs traditionnellement associés à la viande et au poisson pour désigner des produits n'appartenant pas au règne animal. »

Le décret (n° 2022-947 du 29 juin 2022) n’entrera en vigueur que le 1er octobre 2022 prochain. Un bémol bien sûr : les denrées fabriquées ou étiquetées avant cette date pourront toutefois être commercialisées jusqu'au… 31 décembre 2023 ! au plus tard.

 

Que l’Europe s’empare du sujet et légifère

 

Une décision officielle tranchant le débat était attendue depuis plusieurs années (lire notre article sur le sujet - 2018) par la filière de transformation de la viande animale.

Pour les représentants de cette filière, le décret ne va assez loin, et ils exigent par ailleurs que l’Europe s’empare du sujet et protège mieux son pré carré. En effet, ne sont pas visés par le décret les produits « légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre état membre de l'Union européenne ou en Turquie ».

Pour l’heure, au sein de l'Union européenne, la dénomination des produits végétaux par des termes traditionnellement réservés à la viande animale est autorisée. A l'exception cependant des produits à base de lait animal : en clair, il n'est plus possible d'utiliser les termes de « yaourt » ou de « fromage » pour un simili végétal.

 

Miel : nouvel étiquetage après ce 1er juillet 2022

C’était une demande express émanant des apiculteurs français, c’est désormais chose faite : depuis le 1er juillet dernier, les pays d’origine du miel devront être clairement mentionnés sur les pots. L’objectif de cet étiquetage ? Valoriser la production française.

Le constat déplaisait à la profession qui vient d’obtenir gain de cause :  de nombreuses mentions vague comme « Produit en Union européenne » ou encore « Mélange de miels non originaires de l’UE » avaient fleurie sur les pots de miel. Ce qui, selon les professionnels, nuisait à l’identification des produits.

© Alexander Mils.
Aussi, dans le but de valoriser les apiculteurs français et leur production, un récent décret – publié le 6 avril 2022 - rend maintenant obligatoire un étiquetage plus transparent qui satisfait tout le monde, eux, apiculteurs, comme nous, consommateurs.

Le texte permet ainsi de mieux renseigner le consommateur sur la provenance du ou des miel(s) qu’il achète, rendant obligatoire l’étiquetage des pays d’origine des miels contenus dans les mélanges conditionnés en France. A terme, l’étiquette devra ainsi afficher la liste des pays d’origine par ordre pondéral décroissant dès le 1er juillet prochain.

Conséquence : toutes les mentions floues et peu claires n’auront donc plus leur place dans les rayons des supermarchés. Seul bémol :il faudra que le miel soit mis en pot dans les limites de l’Hexagone pour tomber sous le coup de ce nouveau règlement. Car, les produits conditionnés en dehors du territoire national pourront faire référence à une origine UE et/ou non UE.

C’est, de l’avis de tous les professionnels, une première avancée qui devrait très vite permettre de mettre en avant le savoir-faire français, puisque seront ainsi stigmatisés – en tous les cas plus facilement identifiables – ceux qui viennent d’autres pays de l’UE. Encore du pain sur la planche pour les contrôleurs de la répression des fraudes. Celle-ci, lors de ces nombreux contrôles, n’en approche pas moins du chiffre de… 30% de points de vente sur les marchés dont les produits de miels ne seraient pas conformes !

Soumis à des  contrôles sont plus stricts, les miels vendus en supermarchés seraient moins touchés par la contrefaçon. A bon entendeur !