mercredi 23 octobre 2013

Agence européenne de sécurité alimentaire : trop de conflits d’intérêts


Un an après une réforme de l’institution, quelque 59% des experts de l’agence de sécurité alimentaire de l’Union européenne seraient lié à l’industrie agroalimentaire.

Selon une ONG bruxelloise (Corporate Europe Observatory, l’Observatoire de l’Europe Industrielle), près de 59 % des experts siégeant dans les groupes de travail de l’Efsa (l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire) seraient liès de près ou de loin avec l’industrie agroalimentaire !
L'Efsa, le gendarme européen des aliments. © DR.
Piètres résultats parus ce jour, 23 octobre 2013, après que l’Europe – à savoir le Parlement européen et la Cour des comptes européenne – ait demandé, voici un an, à l’institution de faire le ménage dans ses rangs afin de faire taire les critiques qui accusaient l’organisme de manquer d’indépendance.
L’étude de l’ONG dénombre 460 conflits d’intérêts pour 209 experts ! Un résultat impressionnant mais qui peut facilement s’exliquer par l’importance que représente l’Efsa aux yeux des entreprises du secteur agroalimentaire : elle n’est ni plus ni moins que le gendarme européen chargé d’évaluer tous les risques des substances présentes dans l’alimentation du continent telles que les additifs ou les OGM…

En détail, si l’Efsa a mis en place une sorte de Bible éthique qui se révèle peu suivie, elle n’est pas la dernière institution à soutenir qu’il n’existe aucun expert indépendant, ce qui rendrait, de facto, la présence de professionnels travaillant dans le privé incontournable dans ses groupes de travail.
Pire, elle fait une confiance aveugle en ses candidats qui doivent d’eux-mêmes préciser noir sur blanc la nature de leurs contacts et intérêts dans le privé… Ces déclarations, si elles sont publiées sur le site de l'organisme (*), ne sont soumises à aucune vérification (?).
Sans parler des aspects financiers, puisque le fait de siéger dans ces groupes reste un travail conséquent et en aucune façon rétribué : aussi, les scientifiques rechigneraient à y siéger, laissant la place aux lobbyistes certes compétents dans leur domaine mais peu enclins à l’impartialité…

(*) Declaration of interests database, en langue anglaise.

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