RHONE-ALPES : LE
LYONNAIS
Peu
présent sur nos tables, le cardon reste néanmoins un hôte incontournable des
marchés lyonnais en ces temps hivernaux. Cet enfant maraîcher du pays
lyonnais est ici chez lui, et sous
bonne garde.
C’est
du côté de Vaux-en-Velin, dans les limites du Grand Lyon, que nous conduit ce
sujet légumier peu ordinaire. Des maraîchers aux portes des villes, plus ou
moins grandes, il y en a partout dans l’Hexagone. Mais ceux de Vaux-en-Velin
ont la particularité de s’être battus. D’avoir lutter pour conserver une
tradition locale, celle de la culture du cardon, légume d’hiver typique du
Lyonnais, tout comme du Dauphoiné et, non loin, de la plaine de Genève, côté
helvète.
© Di Nolfi. |
C’est
aussi un légume à côtes, à ne pas confondre avec la bette à carde. En deux mots
et pour faire savant, il s’agit de la variété cynara sauvage.
Quoiqu’il
en soit, il est question d’une espèce botanique méditerranéenne connue depuis
l’Antiquité et qui connaît un regain d’intérêt à la Renaissance, puis au XVIIe
siècle, grâce à l’attention que lui porte un certain Olivier de Serres,
agronome. Celui-ci ne désigne-t-il pas d’ailleurs, depuis son Ardèche où il
mène ses travaux, le Lyonnais comme « le vrai pays de la
carde » ?
En vinaigrette ou gratiné
Côté
cultural, le cardon est semé durant la seconde quinzaine de mai, dans une terre
de préférence très riche, la bête étant très vorace et appauvrissant facilement
les sols les mieux constitués. Mais toute la plante ne verra pas forcément la
lumière du jour : la sélection reste très rude puisque les maraîchers ont
coutume de couper tous les rejetons de plantules trop faibles pour ne laisser
que les plus vigoureux s’épanouir. Le résultat en illustre l’efficacité :
le cardon affiche un bon mètre de haut au mois de septembre où, selon sa
variété, il est récolté. Mais il n’en est pas pour autant consommable en
l’état.
On
ne mangera d’ailleurs que les côtes, autrement appelées pétioles, cette base
étroite de la feuille que l’on aura pris soin de débarrasser du reste, trop
amère pour faire l’affaire… On retire alors certaines nervures trop importantes
avant de débiter les pétioles en morceaux et de les disposer dans de l’eau
bouillante.
Pour
ce qui est de l’accommodement, certains aiment les cardons crus, en
vinaigrette, d’autres les apprécient blanchis et gratinés, ou encore en sauce à
la crème… Affaire de goût.
Julien
Frizot – journal Le Bien Public – Quartier libre n°221 (du 21 au 27 janvier
2005).
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