mercredi 20 février 2013

L’armagnac : le breuvage des magiciens d’Eauze


MIDI-PYRENEES : BAS-ARMAGNAC

Quoi de meilleur qu’un bon armagnac pour « supprimer les maux de tête surtout ceux provenant du rhume » ? C’est en tout cas ce que préconisait un certain Vital Dufour, médecin en … 1260.

On connaît le Périgord noir pour la richesse de son patrimoine et de sa gastronomie, un bel écrin pour la ville non moins fameuse de Sarlat-la-Canéda.

Plus au sud, il y a aussi un Armagnac noir, autrement appelé le « Bas-Armagnac » coincé entre les Landes et le pays d’Auch, niché au cœur du Gers et des marches du Béarn. Ce qualificatif de « noir » trouve son origine dans l’importance des frondaisons des forêts de pins, hêtres et chênes, qui assombrissent les landes. A ces nuances de verts, l’homme en a ajouté une autre, celle de la vigne qui produit ici des vins destinés à la distillation, car nous sommes ici en terre d’eau-de-vie d’Armagnac, l’un des produits phares du Sud-Ouest.

© www.armagnac.fr
Il n’y a qu’à circuler autour des bourgades d’Eauze, Nogaro ou encore Gabarret pour découvrir l’emprise de cette activité sur la région : les terres sont à perte de vue couvertes de vignes, à l’instar du Bordelais, tout proche, mais surtout du Cognacais.
Une AOC sur trois zones géographiques
Comme ces deux terroirs, l’Armagnac bénéficie d’un décret d’Appellation d’Origine Contrôlée, daté du 25 mai 1909. Ce décret, dit Fallière, précise trois zones de production de l’armagnac : le Bas-Armagnac qui nous intéresse aujourd’hui, autour d’Eauze (57 % de la surface de l’appellation) ; le Haut-Armagnac, situé à l’est du Gers et à l’ouest du Lot-et-Garonne, puis l’Armagnac Ténarèze (40 % des surfaces), au nord du Gers en direction du Lot-et-Garonne.


Quant aux points communs avec l’autre pays de l’eau-de-vie de la région, le Cognac ? Des cépages comme le colombard ou l’uni blanc, une rivière qui traverse le pays, ici la Garonne, là-bas la Charente. Mais aussi des spécificités, comme ces cépages qui interviennent pour portion congrue dans l’élaboration de l’armagnac mais souligne un caractère particulier : clairette de Gascogne, graisse, jurançon et maurac blanc… Autre détail : l’alambic ! Dans l’Armagnac, sa forme fait l’objet d’un brevet depuis des siècles !



Julien Frizot – Le Bien public – Quartier libre n° 168 (du 16 au 22 février 2004).

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