jeudi 15 août 2013

Espelette : jadis, un piment pour… bain de pieds


AQUITAINE : LE LABOURD BASQUE

Rapporté à fond de cale des Amériques, le piment d’Espelette laisse sur les joues de ses prédateurs le rouge vermillon qui caractérise sa robe.

De grosses bâtisses aux volets rouge sang et aux murs blancs. Des balcons croulant littéralement sous le poids de guirlandes de piments exposer pour sécher au soleil… Au pays basque en général et au Labourd en particulier, ce cliché a la vie dure.
A ce coin de France - le Labourd – correspond la partie occidentale du pays basque dont on se demande encore d’ou viennent les habitants et la langue, si particulière ; un pays coincé entre la façade atlantique et la Nive, cette rivière pyrénéenne qui conflue  à Bayonne avec l’Adour.
Piment à la vente au détail. © DR.
Côté océan, les étapes ont pour nom Hendaye, Saint-Jean-de-Luz, Guéthary, Biarritz… autant de regards sur le grand bleu et de bourgades importantes enfiévrées tous les ans, les unes de fêtes folkloriques, les autres de manifestations sportives… Côté continental, le Labourd ressemble aussi à un album de cartes postales avec ses chapelets de villages que l’on dit les plus beaux du pays basque : Ainhoa, Ascain, Louhossoa, Sare, ou encore Espelette…
Une AOC et une AOP plus tard…
Ce dernier est associé depuis plusieurs siècles à la plus colorée des épices, et sans doute au plus polyvalent des capsicum, nom latin d’une grande mais brûlante famille, celle des piments ! Les plus lointaines références évoquent un piment ramener d’Amérique centrale qui, ayant transité par l’Espagne, serait arrivé dans le sud de la France pour y trouver, entre océan et montagne, les climats propices à son essor. D’abord utilisé en médecine, et notamment pour des bains de pieds afin de venir à bout de bronchites et autres grippes, il prend bientôt la direction des assiettes où ce condiment fait bon ménage avec la cuisine locale et les salaisons de viandes et jambons dont il prolonge la conservation.
Après maintes sélections de graines, une variété est isolée, celle du Goria. Celle-ci sera cultivée sur le territoire d’une dizaine de communes alentour : Ainhoa, Cambo-les-Bains, Espellette, Halsou, Ixtassou, Larresoure, Saint-Pée-de-Nivelle, Souraïde et Ustaritz. Une AOC française obtenue en 1998 a été renforcée deux ans plus tard par une AOP européenne, assurant à la production ses lettres de noblesses.
Moulu ou en corde, le piment porte aujourd’hui fièrement son appellation qui lui impose bien sûr quelques contraintes précisées dans un copieux cahier des charges : il doit être cultivé en plein champ à partir de semis réalisés hors terre avant le 15 février de l’année. Sa plantation intervient avant le 1er mai pour une floraison courant juin. D’abord de couleur verte, le piment se transforme en fruit rouge pour pétré récolté manuellement au début du mois d’août aux premières gelées, selon sa maturité. Il sera alors trié, pendu à la corde ou broyé en sachet…

Julien Frizot – Le Bien public – Quartier libre n°397 (6au 12 août 2004).

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