mercredi 19 octobre 2011

Triste tambouille

Le roman d’Erica Bauermeister "L'école des saveurs" sera resté pendant deux ans dans la liste des meilleures ventes Outre Atlantique et aura à ce titre décroché le « Prix des lecteurs » Sélection 2011. Une reconnaissance dont nous sommes loin de partager l'enthousiasme…

L’intérêt porté à ce livre par la grande majorité de ses lecteurs n’a pas fait sauter le bouchon de champagne, mais plutôt fait « pschittt » de par chez nous. Comme le commente l’un d’entre eux sur un site d’achat en ligne sur Internet : « L'évocation des histoires de chaque protagoniste n'est qu'accessoire aux cours de cuisine dispensés. » On est d’accord, mais cela tient plus de la moitié des 250 pages du livre.
Pour faire simple, on reste sur sa faim sur les paillasses de la cuisine du restaurant de Lilian qui réussit sans nous convaincre à guérir sa mère d’un incommensurable chagrin par la cuisine.
Une cuisine qui d’ailleurs reste très, voir trop américaine, et qui pourrait se résumer en cette phrase, relevée lors de la lecture du roman, à un peu moins du premier tiers : « — Désormais, commenta-t-elle, on ne goûte plus la pâte. Avec des œufs crus, c’est trop risqué ».
Patatra ! C’est là que le soufflet, qui montait difficilement, s’affaisse définitivement : l’ouvrage prend des relents d’hygiénisme qu’on aurait voulu voir gommés de ce genre de littérature. Sans doute faut-il y voir quelques spécificités culturelles : il est vrai que l’industrielle alimentaire américaine rencontre souvent des déboires à trop vouloir tirer sur la corde de la productivité (1). Même si le danger ne vient pas forcément d’ou l’on croit : une dizaine de personne sont mortes en août dernier lors d’une épidémie de listériose pour avoir consommé… des melons contaminés !
Et puis, il y a ce titre, très flatteur, voire prometteur, avec ce texte en quatrième de couverture plutôt alléchant… A sa lecture, on se met à frémir des papilles, se remémorant les sensations olfactives ressentis lors de la lecture du sublimissime Parfum de Patrick Süskind. Un bel emballage qui laisse pourtant sur sa faim…

(1) A l’été 2010, plus de 500 millions d’œufs avaient été rappelés pour cause de salmonelle.


Carte d’identité :

Parution : 4 mai 2011
Pages : 256
Format : poche (14 x 22,5 cm)
ISBN : 978-2-253-3134572
Prix lancement (février 2012) : 6,50 €

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