LANGUEDOC-ROUSSILLON : ALBÈRES
Alors qu'une Indication Géographique Protégée vient de lui être accordée l'anchois de Collioure, véritable symbole local connaît une crise sans précédent due à la raréfaction de la matière première.
Alors qu'une Indication Géographique Protégée vient de lui être accordée l'anchois de Collioure, véritable symbole local connaît une crise sans précédent due à la raréfaction de la matière première.
Certaines régions de France, par l'actualité de leurs
saveurs, nous obligent à les privilégier à une période de l'année. C'est le cas
du Languedoc-Roussillon. Nous avons dernièrement évoqué les environs de la
région du Roussillon, du côté des Fenouillèdes, pour des vins. Nous voici aujourd'hui
revenus dans le coin, mais pour prendre un peu le large, du côté de la mer,
afin d'évoquer la pêche aux anchois, les anchois de Collioure, et c'est ici que
nous allons accoster pour ce sujet maritime et saisonnier…
L'arrière-pays de Collioure prend pour nom
« Albères » quand il grimpe à l'assaut des ultimes replis du massif
pyrénéen, qui prend son élan depuis le pays basque pour venir, ici, plonger
dans l'eau bleutée. Ce coin de France reste couvert de vertes forêts
entrecoupées de routes sinueuses qui nous éloignent de la côte et de notre
sujet. Plus près de Collioure, la nature se fait plus abrupte au fur et à
mesure que l'on s'approche de l'eau, parfois surmontée de belles falaises sur
lesquelles l'homme fait pousser quelques alignements de vignes…
Quant à Collioure, la petite cité fortifiée garde
quelques traces de son activité principale, cette fameuse pêche aux anchois,
effectuée d'avril-mai à septembre-octobre grâce à des filets. Pendant des
décennies, la bourgade a vécu de cette activité et, notamment, de la salaison
des poissons, vidés dès leur arrivée à terre ferme.
Une pêche en perte de vitesse
Or, bien des indications marquent le déclin de cette
activité qui faisait vivre jadis nombre de familles modestes… Si l'anchois fit
en son temps la renommée de Collioure, les faits sont là :
l'approvisionnement ne suit plus et les deux dernières maisons de salaison -
ancestrales - encore existantes, pourraient bien en pâtir durablement.
Un coup dur, alors que l'anchois de Collioure vient
d'être admis dans le cercle des produits bénéficiant d'une Indication Géographique Protégée (lGP) et rejoint ainsi les quelque 650 produits européens
aujourd'hui protégés… Une pêche en perte de vitesse, un label qui avait été
espéré avec ardeur couronne huit années d'interrogations et de démarches. Mais
voilà, ce gage de qualité, synonyme de professionnalisme, et d'excellence,
arrive dans une conjoncture délicate : voilà deux ans que les pêcheurs
assistent à une baisse du tonnage d'anchois ramené à Collioure. Sont incriminés
les pêcheurs qui ne se contentent plus de pêcher de mai à septembre, comme
jadis, mais travaillent en hiver également pour faire face aux appétits féroces
des conserveries espagnoles et marocaines… D'où une raréfaction du poisson
puisque, à cette époque, il est trop petit pour être traité comme
« anchois de Collioure ».
Dans ce climat d'inquiétude, les deux entreprises
encore existantes à Collioure, Roque et Desclaux, connaissent quelques
difficultés à mettre en œuvre l'IGP pourtant tant désirée. Ici, personne n'a
envie de connaître le sort réservé à la petite trentaine de
« magasins » (salaisons) qui, autrefois, faisaient vivre la région.
Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°251
(du 19 au 25 août 2005).
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