Il est rond, il est girond, il contribue à la
renommée de la région et de son terroir. Lui, c'est le cassis, porté au devant
de la scène par la politique et toujours cultivé avec le plus grand soin, notamment
en pays nuitons de part et d'autre du vignoble.
Un peu plus au sud, un peu plus au nord, peu importe
de quel côté on regarde la côte nuitonne, ses villages regroupés autour de leur
église, ses alignements soigneusement peignés de vignes que le soleil darde de
ses rayons… le plaisir est le même. Et la litanie des mots doux à même de
s'accorder avec cette côte des vins, mille fois encensée, ici ou ailleurs, est
incommensurable, tant ce paysage semble avoir été créé pour être louangé. Mais
il ne saurait suffire à dépeindre le pays nuitons qui, au-delà du talus de la
côte et de la basse plaine qui descend vers la Saône, se compose aussi vers le
couchant d'un arrière-plateau sauvagement encaissé, profondément entaillé où
les bourgs ont pour noms Meuilley, Curtil-Vergy, Messanges, presque des noms
d'oiseaux qui donnent envie de s'envoler vers ce pays béni des dieux… Un pays
peu exclusif, que beaucoup imaginent uniquement consacré au dieu Bacchus et à
sa grappe. Certes non, puisque ce coin de Bourgogne produit aussi les
accompagnements nécessaires à la bonne consommation de ses autres produits: en
clair, la vigne partage avec le cassis les hautes-côtes du pays Nuitons pour
mieux s'accorder avec elles.
En substitution au phylloxéra
Au regard de l'Histoire, rien ne prédisposait la
petite baie sombre à partager la table des grands cépages bourguignons, ni son
origine, européenne mais surtout asiatique, entre Arménie et Himalaya, ni son
usage ancestral, plutôt axé sur la médecine. Une fois n'est pas coutume, c'est
de Paris que vint l'inspiration, de la capitale, plus apte à capter et
capitaliser pour elle les bienfaits de la province que l'inverse. Au XIXe
siècle déjà, des liquoristes parisiens avaient jugé judicieux de faire de la
baie une boisson: on parlait alors de « ratafia de Neuilly », un
breuvage à base de cassis, framboise, groseille et cerise noire, servi mélangé
avec un petit vin blanc. Deux Dijonnais auraient fait de même par chez nous :
ainsi serait née la liqueur de cassis de Dijon. Nombre de producteurs se mirent
à la page, entraînant dans leur sillage une poussée de plantations de
cassissiers en pays dijonnais. Une production bien inspirée en cette seconde
moitié du XIXe siècle, puisqu'elle permit à certains viticulteurs de
se diversifier pendant la crise phylloxérique, voire à d'autres
particulièrement touchés de changer d'activité.
Pour revenir à la baie, ayez l'œil: le cassissier à
jeunes pousses alimente en bourgeons la parfumerie française et leurs cousins à
fruits, parmi lesquels le Noir de Bourgogne, produisent des fruits pour les
liquoristes.
Et le Kir était né...
Les légendes ont souvent la vie dure, celle du Kir,
aussi récente soit-elle, en est. Beaucoup croient encore le chanoine Kir à
l'origine de la création du Kir. Il n'en est rien, la boisson lui est
antérieure. Le maire de Dijon avait en fait l'habitude d'offrir à ses visiteurs
un « blanc-cass' ». L'affaire devint commerciale quand une des
grandes maisons de production eut la possibilité d'utiliser le nom du maire
pour désigner le fameux apéritif. Après des années de procès, cet établissement
obtenait seul le droit d'appeler Kir la boisson fétiche de feule premier
magistrat de la ville.
... et d'autres avec lui
Le cassis ne se marie pas qu'avec le vin blanc. Ainsi
pouvez-vous déguster (avec modération, bien sûr) :
• Cognac + cassis = un Gascogne
• Marc de Bourgogne + cassis = un Marcassin
• Crémant de Bourgogne + cassis = un Téméraire
• Festivités
Célébrez la fête du cassis en pays nuitons en
participant avec votre véhicule, qu'il soit du style Panhard chromée 1893 ou
dernière Fiat 500 sortie d'usine, à une promenade touristique au pays du
cassis. Au programme: dégustation, jeux, visites.
Office de tourisme de Nuits-Saint-Georges :
03.80.62.11.17.
Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°192
(du 02 au 08 juillet 2004).
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