mercredi 20 juin 2012

Onctuosité dorée aux portes de Paris

ÎLE-DE-FRANCE : LE GÂTINAIS

Depuis peu, les Parcs naturels régionaux ont développé des marques à leur effigie pour les produits locaux. En Gâtinais, l'un des premiers à bénéficier de cette campagne de promotion est le miel qui, depuis des décennies, enchante les papilles des Parisiens.

L’agglomération parisienne parviendra-t-elle un jour à couvrir de ses tentacules urbaines l'ensemble de la région Île-de-France ? On aurait pu le croire à une époque, mais des précautions ont été prises pour que la macrocéphalie française se limite aux excroissances actuelles.
Pour cela, quelques Parcs naturels régionaux ont été créés aux portes des villes de la grande ceinture : Vallée de Chevreuse, Vexin français et Gâtinais sont les trois pierres angulaires - alors qu'une quatrième est en cours de préparation - de cet arsenal combatif « anti-urbanisme échevelé ».
Chacun de ces parcs, soucieux de ses prérogatives, développe une personnalité soutenue, entre autres par la mise en avant de produits du terroir « autochtones ».
Mais revenons un peu sur la physionomie de celui qui nous intéresse aujourd'hui, le Parc naturel régional (PNR) du Gâtinais, que le département de l'Essonne partage avec son voisin oriental de la Seine-et-Marne.
Le miel du Gâtinais, une "marque bannière"
Ce parc couvre en grande partie le Gâtinais occidental qui préfigure, par sa physionomie en vastes cultures, la Beauce voisine, avec tout de même une présence plus accrue d'arbres. Il se limite, vers l'est, aux confins de la forêt de Fontainebleau, dans un paysage plus varié de bocage et de prairies d'élevage. Sa capitale porte le nom de Milly-la-Forêt, un nom doucereux comme un bonbon au miel, ceux que l'on suçote à l'envi, ceux du Gâtinais. Car vous êtes ici dans un des royaumes du miel hexagonal, un miel réputé pour sa finesse, qui figurait, déjà au XIXe siècle, à la première place des miels régionaux consommés par les Parisiens.
Recherché alors pour sa couleur claire, sa transparence, mais aussi pour son onctuosité, il devait alors sa spécificité au sainfoin, cette plante fourragère cultivée jusqu'à 1/4 des terres labourables d'alors !) jadis pour les chevaux, en perte de vitesse dès lors que la mécanisation gagnait du terrain, reléguant les chevaux aux sports équestres.
Aujourd'hui, le miel du Gâtinais n'a pas dérogé à sa qualité. Mieux, il figure parmi les produits se recommandant du parc, bénéficiant de la « marque bannière » du PNR. Il ne s'agit pas d'un énième label, mais une attribution marquant l'engagement de qualité et la spécificité des produits locaux et régionaux à l'instar, autre exemple, de la menthe poivrée… Dans cette démarche, certains apiculteurs, avec l'aide d'agriculteurs, ont souhaité renouer avec les usages des anciens, replantant, depuis 2001, le fameux sainfoin aux fleurs roses qui égayaient jadis les champs du Gâtinais.
À ce jour, on ne compte plus les produits régionaux du Gâtinais qui utilisent le miel local, des bonbons au miel d'acacia, de bruyère, de sainfoin ou encore de châtaignier, jusqu'à… la bière blonde, lors de la dernière fermentation en bouteille du breuvage !

Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°191 (du 25 juin au 1er juillet 2004).

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