mercredi 6 juin 2012

La betterave, produit à valeur « historique »


BRETAGNE : LE PENTHIEVRE

A ceux qui lui trouvent un physique ingrat une fois cuite, la betterave rétorque qu’elle n’en a cure, riche de ses nutriments et sels minéraux… Qui lui donnerait tort, puisqu’ils lui permettent de figurer en bonne place dans nos assiettes.

On est loin dans ces lieux de la densité et de la richesse en cultures légumineuse du Trégor, mais le Penthièvre, perché sur son plateau bocager, présente aussi nombre de qualités. De celles qui autorisent les plantations fourragères, pour peu qu’on leur accorde place et soin…
Au sud de ce petit coin de Bretagne, les pays de Moncontour et de Collinée sont d’ailleurs plus propices à la promenade, avec leurs paysages parsemés de landes et de bruyères. Tout comme Lamballe, la jolie capitale du Penthièvre, qui aligne ses maisons non loin du réputé haras national.
Sur les bords de l’océan, s’amorce la côte de granit rose, une curiosité qui attirera nombre de touristes ses prochaines semaines, avec la belle saison.
Potassium, magnésium et autres…
Et la betterave là-dedans ? Elle a trouvé ici une terre propice qui à sa culture, au même titre que l’Orléanais, l’Yonne, le plateau picard et d’autres… On la connaît pour ses taux de sucre record pour un légume (comptez pas moins de 40 kcal par 100 g, tout de même !), mais ce n’est pas là sa seule richesse.
Au rendez-vous de bonnes nouvelles, elle comporte aussi nombre d’oligo-éléments et sels minéraux. A un fort taux de potassium, s’ajoute calcium, magnésium  mais aussi de nombreux micronutriments. Moins connues encore sont ses vertus contre la fatigue, puisque la betterave possède une excellente teneur en vitamine B et en acide folique. Elle est à ce titre recommandée aux femmes enceintes puisqu’elle apporterait à celles-ci pas moins du tiers des apports quotidiens recommandés ! Et que dire de la présence de fibres ou encore des vertus de la belle pour les intestins délicats une fois cuite…
Un blocus et une notoriété
Moment important d’ailleurs que celui de l’achat de la betterave qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Si vous la trouvez crue, il faut la choisir ferme, avec une « écorce » pas trop sèche. Ne pelez jamais une betterave crue avant de la faire cuire, elle perdrait sa couleur et une bonne partie de sa saveur. Si vous la faite cuite – ce qui semble être le cas le plus fréquent – la peau vous apparaîtra plus lisse et non desséchée…
Bref, un beau légume que cette betterave, au physique ingrat, mais si utile. Mieux, à l’instar de la pomme de terre, elle pourrait même être un produit de consommation à valeur ‘historique ». Petit retour en arrière : alors qu’elle est très bien implantée en Angleterre, à la fin du XVIIIe siècle, la France se trouve opposée à une coalition de pays européens. Un petit général corse devenu empereur se voit imposer un blocus de nos côtes. Conséquence : le sucre des Antilles ne peut plus accéder à nos ports.
Les Français se tournent alors vers la betterave sucrière pour y puiser le précieux ingrédient par substitution : ce légume y gagne ses lettres de noblesse et une place à part dans les foyers, encore de nos jours…

Julien Frizot - journal Le Bien Public - Quartier Libre n° 153 (du 13 au 19 juin 2005).

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