dimanche 30 septembre 2012

Vin : la menace pesant sur les « châteaux » reportée


Bruxelles a reporté à une date indéterminée sa décision laissant au Nouveau Monde la possibilité d'utilisation de la dénomination « château » sur les bouteilles de vin.

Levée unanime de boucliers dans le Sud-Ouest à la lecture d’un projet de Bruxelles : la Commission pourrait laisser aux autres pays producteurs le droit de pouvoir utiliser le terme de « château » (en français dans le texte) sur les étiquettes des vins destinés à l’exportation vers nos contrées, et ce pour faire suite à une demande formulée par Etats-Unis en 2010…
Disons plutôt, que le grand frère US demande une nouvelle fois son usage : en effet, il y a un précédent, datant de 2006. A l’époque, un accord laissait déjà les Américains – un de nos plus gros clients en terme de volume de vins exportés – utiliser ce terme jusqu’en 2009.
Dans le Bordelais, on parle déjà « de tromperie pour le consommateur », ou encore de détournement de notoriété »… au moment où Bruxelles remet à plus tard sa décision.
Mais attention ! A trop crier, il faut avoir les cordes vocales solides pour tenir sur la longueur et ceux qui poussent des cris d'orfraie seraient bien inspirés de reconsidérer leurs pratiques avant de hurler au scandale.
A suivre...

A lire, l'excellent article signé Périco Légasse dans Marianne

samedi 29 septembre 2012

OGM : le débat sur leur toxicité relancé - 2/4


Suite à la publication du professeur Séralini de l’université de Caen sur la nocivité des maïs OGM, et en l’absence d’un réponse avisée des autorités publiques sanitaires, les travaux font l’objet d’une première critique, émanant des offensés…

Quelques jours après la publication des résultats des travaux des chercheurs de l’équipe du professeur Séralini, les réponses d’organismes comme l’Institut national de la Recherche agronomique (INRA) ou l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) tardent encore à venir… Un certain Gérard Pascal, ancien toxicologue spécialiste des OGM à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), aujourd'hui consultant pour des entreprises agroalimentaires (?) est le premier à donner son avis, qu’il exprime dans les pages du quotidien Le Monde… En attendant des commentaires plus impartiaux !

Lors de cette longue interview, ce monsieur Pascal parle de « travail (…) nul et non avenu. Il n’est pas question de prendre en compte ses résultats »
Les raisons d’une telle véhémence ? Selon lui :
• L’espèce de rats soumis à l’expérimentation aurait été trop sensible.

• Le nombre d’animaux appelés à être soumis à l’étude serait trop faible pour être vraiment signifiant.

• L’étude normande ne délivre pas d’information sur le régime alimentaire

Un bémol toutefois que l’interviewé a du mal à comprendre : l’étude universitaire a été publiée dans une revue de référence : Food and Chemical Toxicology.

jeudi 27 septembre 2012

Il était une fois le pays des « faïsses »


RHÔNE-ALPES : LES CÉVENNES VIVAROISES

Il a accompagné l'homme en son pays cévenol pendant des siècles pour être petit à petit délaissé. Il connaît actuellement un regain d'intérêt : c'est le châtaignier, et son fruit la châtaigne, « l'arbre à pain » des Cévennes.

Découpées ! Disons plutôt déchiquetées ! Les Cévennes du côté rhônalpin prennent des allures tourmentées et contrastent à bien des égards avec leurs voisines gardoises. Les altitudes sont ici légèrement supérieures, et il n'est pas rare que les serres avoisinent les 1 000 voire 1 500 mètres de hauteur. Ravinées par des pluies torrentielles, elles constituent, dans des vallées parfois très encaissées, de véritables « valats » - de gros torrents en patois cévenol - charriant boue et gravats jusque dans la vallée… Cette vallée, c'est bien sûr celle de l'Ardèche qui, descendue du Velay, au nord-ouest d'Aubenas, forme un coude. C'est à hauteur de ce coude que s'est construite l'ancienne capitale ardéchoise pour border, en prenant la direction du Sud, ce pays cévenol vivarois. Des allures de landes écossaises en hiver, des tons mordorés et bruns en automne, les Cévennes prennent des allures de massif austère en dehors de la haute saison où les tenues bariolées, voire fluorescentes, des cyclistes et autres randonneurs, égayent cette campagne si particulière. Ici, l'homme semble absent, concentré dans de jolis villages écrasés par le soleil l'été, à peine accessibles l'hiver, ou très isolé dans de grosses fermes aux cours fermées, à l'abri des vents parfois violents venant de l'Ouest. Il est cependant omniprésent, ayant façonné parfois à main nue les « faïsses », ces terrasses nécessaires pour casser la pente et mettre en culture mûriers et châtaigniers.
Aujourd'hui, tous se mobilisent pour sauver la châtaigne
Car c'est bien là l'objet de tant de soins, une espèce sans doute indigène que l'on croit voir apparaître au Moyen Âge lors d'une première phase de culture. La châtaigne ne devient « maître des terroirs », prépondérant, que vers le XVIe siècle. Elle le reste jusqu'au XIXe siècle pour tomber en désuétude, les maladies comme l'encre et l'endothia se conjuguant avec l'abandon des terres, l'exode rural bat son plein.
La châtaigne, omniprésente dans la gamelle cévenole, perd de la vitesse. Aujourd'hui, les initiatives redoublent dans le pays. Les procédés restent les mêmes, à savoir le séchage dans un lieu que l'on appelle « cleda », un petit bâtiment disposé dans la châtaigneraie ou jouxtant l'habitation. Là, est entretenu un feu nuit et jour le temps de la dessiccation, soit trois à quatre semaines. Une fois séchées, les châtaignes se conservent mieux.
L'arbre et l'homme furent pendant des siècles inséparables, le premier donnant au second tout ce dont il avait besoin, feuilles pour nourrir les bêtes, bois pour réaliser meubles, charpentes, planchers, conduites et fruits pour nourrir le paysan cévenol : un vrai mariage de raison.

Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°204 (du 24 au 30 septembre 2004).

dimanche 23 septembre 2012

OGM : le débat sur leur toxicité relancé - 1/4


Une étude française, conduite chez des rats, met en question l'innocuité à long terme des OGM. Plus exactement, celle du maïs transgénique NK 603, une production de la firme Monsanto. Une nouvelle marée noire dans le jardin d’Eden de la multinationale américaine ?

Une fois de plus, sur le terrain de la polémique, la prudence est de mise. L’étude publiée mercredi 19 septembre dernier est le fruit du travail de l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire, et de son équipe, à l’Université de Caen. Ce scientifique est par ailleurs Président du Conseil scientifique du CRIIGEN, ou Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique. Le comité est présenté comme une structure « apolitique et non-militante d’expertise, de conseil, indépendante des producteurs d’OGM ».
Selon les résultats de cette étude, les chercheurs ont suivi pendant deux ans 200 rats nourris avec du maïs transgénique entrant à hauteur de 11% dans leur alimentation. Aujourd’hui, les résultats révèlent des mortalités plus rapides et plus fortes.
Ces résultats paraissent plutôt alarmants, à tel point que le gouvernement n’a pas tardé à publier un communiqué « l’insuffisance des études toxicologiques exigées par la réglementation communautaire en matière d’autorisation de mise sur le marché de produits transgéniques ».
Pour le moment, les réponses d’organismes comme l’Institut national de la Recherche agronomique (INRA) ou l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) tardent à venir...

 Pour se faire une idée par soi-même sur l'objet du « délit » : L'étude du professeur Séralini et de son équipe

mercredi 19 septembre 2012

Chaource : une des premières AOC de plaine


CHAMPAGNE-ARDENNE : CHAOURÇOIS

Le chaource fait partie, comme le soumaintrain, de cette famille de fromages produits entre Champagne sud et Bourgogne nord, que les hasards administratifs ont rendu orphelins et qui sont devenus pupilles de la Nation grâce à une AOC.

Le Chaourçois, c'est un peu le talon de la chaussette champenoise. Un talon tout giron que ce joli pays partagerait avec son voisin bucolique du pays d'Othe. D'ailleurs, ces deux coins d'Hexagone ont quelques points communs : la même structure géographique et paysagère, les mêmes traditions et la même propension à s'égayer d'innombrables ruisseaux, gage à la fois d'irrigation suffisante et d'une verdure abondante. Les géographes ne s'y sont pas trompés qui ont appelé ce bout de pays la « Champagne humide »…
Mais là s'arrêtent les comparaisons dès lors qu'apparaissent à l'horizon de gracieux moutonnements de collines, les premières robes tachetées des vaches hollandaises pie-noire, brunes des Alpes et autres tachetées de l'Est ! Il faut dire que cela surprend en ces terres ni franchement à l'Est, ni néerlandaises et encore moins alpines… Troublant ! Des vaches oui, mais pas n'importe lesquelles : des laitières, aux mamelles rendues difformes d'avoir trop porté des kilos liquides pendant des heures… Pour l'heure - et voici des générations que cela dure - elles occupent benoîtement les prairies naturelles de ce Pays chaourçois à la capitale homonyme.
Deux mots sur cette belle petite cité: un sur ses jolies maisons d'antan sur piliers de bois, l'autre sur la superbe, pour ne pas dire poignante, mise au tombeau polychrome du XVIe siècle sis depuis cette époque dans la crypte dé l'église Saint-Jean-Baptiste.
Les aficionados de cet art religieux, gourmets à leurs heures, apprécieront d'autant plus les nombreuses églises éparses dans la nature auboise que leurs pérégrinations leur permettront aussi d'aller à la rencontre des producteurs campagnards du trésor local, qui est au Chaourçois ce que l'andouillette est à Troyes : le fromage AOC de chaource !
Reconnu Appellation par décret en 1970, le chaource se présente comme un fromage à pâte molle légèrement salée, à la couleur blanche, fine, lisse presque onctueuse, dans une croûte dite fleurie et duveteuse, avec parfois une légère pigmentation rougeâtre. Pour parfaire cette rapide physionomie de notre sujet, disons aussi qu'il se montre sous deux jours différents : le petit chaource de 8 cm de diamètre, et la version « grand gabarit » plus proche du 11 cm de diamètre. Nécessitant un affinage variable de deux semaines minimum, le chaource connaît des variations de goût d'une bouche légère dans sa prime jeunesse, presque noisetée, à des saveurs plus prononcées au fur et à mesure qu'on le laissera dans un coin avancé tout seul… Bien sûr, l'oublier c'est prendre le risque de le voir avancer tout seul, mais cela est une affaire de goût !
À vrai dire, s'il a fallu par nécessité donner aujourd'hui à cet article une assise géographique en Champagne, la zone de production enjambe allégrement la frontière champeno-bourguignonne, côté icaunais, rendant à la tradition, qui voudrait que ce fromage soit né de l'activité de moines cisterciens de Pontigny, un semblant d'hommage. Au cœur de cette zone, les mêmes contraintes : le respect des choix de races bovines laitières, l'autonomie alimentaire sur la zone d'appellation et le respect de la fabrication d'un fromage gras à caillé lactique et d'élevage dans la continuité d'un savoir-faire pour que les consommateurs continuent d'apprécier ce fromage idéal, à l'apéritif, coupé en petits dés…

Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°203 (du 17 au 23 septembre 2004)

mardi 18 septembre 2012

Marie-Monique Robin revient avec « Les moissons du futur »


L’agroécologie semble être la seule voie viable pour nourrir en 2050 les quelque 9 milliards d’individus que comptera la Terre. Dans son nouveau film, la journaliste Marie-Monique Robin nous explique pourquoi et comment…

Il faudrait augmenter la production agricole de 70 % pour parvenir à nourrir les 9 milliards d’hommes que portera la Terre en 2050.
Dans sa nouvelle enquête – Les moissons du futur » – Marie-Monique Robin explique d’abord pourquoi l’actuel système agricole, basé sur la frénésie industrielle, est voué à l’échec en s’appuyant sur des témoignages d’experts et d’agriculteurs.
L’alternative à ce système qui nous pousse à la ruine : l’agroécologie qui, pratiquée sur des exploitations à hauteur d’homme, peut être efficace. Elle représente en tout cas aujourd’hui un modèle d’avenir productif et durable.
« Du Mexique au Japon, en passant par le Malawi, le Kénya, le Sénégal, les États-Unis ou l’Allemagne, son enquête étonnante montre que l’on peut « faire autrement » pour résoudre la question alimentaire en respectant l’environnement et les ressources naturelles, à condition de revoir drastiquement le système de distribution des aliments et de redonner aux paysans un rôle clé dans cette évolution. »

La bande annonce de ce film : " les moissons du futur "
programmé sur Arte le 16 octobre 2012 à 20h40.

Le livre : éditions La Découverte / Arte Editions.

mercredi 12 septembre 2012

Les compléments d'Omega 3 : pas si efficaces que ça ?


Une étude américaine jette un petit pavé dans la mare de nos bienfaiteurs, cette grande distribution vénérée : les apports en oméga 3 autres que ceux d’une alimentation saine et équilibrée n’auraient aucun effet sur leurs consommateurs !

Il y avait bien eu une première étude, Britannique, celle-là, sur les effets limités de la prise de compléments d’omégas 3 sur les risques d’accidents cardiovasculaires. Elle n’avait provoquée aucune émotion particulière !
L’étude parue aux Etats-Unis récemment n’est autre qu’une claque donnée à nos sempiternels vendeurs de bonnes nouvelles… Et ce brave consommateur dégoulinant de bonne foi interviewé sur une chaîne publique d’affirmer qu’il consomme du beurre enrichi aux omégas 3 parce qu’il est cardiaque…
Poudre aux yeux mon bon monsieur, l’étude en question tenterait à prouver que tous les produits consommés au titre de compléments d’omégas 3 (beurre…) ne change rien aux risques encourrus…
Mince, on nous aurait menti ? Ben oui, reste à vous à trouver la fontaine de jouvence ailleurs, dans les produits naturellement riche en oméga 3 que sont les poissons gras, la mâche, le chou… Bref, à ne pas se laisser tromper par des étiquetages marketings !

Au pays des landes à myrtilles


RHÔNE-ALPES : LES BOUTIÈRES

Comme le prouve l'intéressante production de myrtilles en Boutières (Ardèche), il n'y a pas que les fruits de culture qui intéressent les agriculteurs. Quand la patience permet d'arrondir les fins de mois…

Le pays des Boutières est un peu la charnière entre Bas et Haut Vivarais, une sorte de verrou naturel entaillé par la rivière Entraygues et ses affluents. C'est le pays du mont Gerbier-de-Jonc, berceau de la Loire, celui de ce « chambas », nom local des terrasses, façonnées par l'homme au cours des âges afin de dompter une nature capricieuse. Du côté du couchant, les Boutières prennent des allures d'Auvergne, avec des reliefs granitiques, vestiges érodés d'une activité volcanique antédiluvienne. Côté levant, le paysage reste celui du Vivarais, avec de profondes vallées en plus, des maisons adossées à la pente, des herbages et des forêts quand l'homme n'a pas tout jeté à terre pour planter ses châtaigniers…
C'est dans ce paysage aux relents chaotiques que s'est développée une petite économie fruitière, celle de la myrtille.
Plus de deux cents variétés connues !
L'Ardèche demeure, en effet, le premier pays producteur de France de ce fruit dans sa forme sauvage, cueilli manuellement, sans produits chimiques, 100 % naturel. Si cette activité apporte un revenu complémentaire à quelques agriculteurs, elle reste l'objet de toutes les attentions, puisque les ronces et autres genêts exercent une perpétuelle pression sur les landes de myrtilles qui viendraient à disparaître sans ces soins constants.
La cueillette s'exerce ici à l'aide d'un « peigne » qui détache le fruit de son pied, pour le faire choir dans une corbeille. Un travail pénible, dos courbé puisque le myrtillier n'excède pas les 20 à 30 centimètres de hauteur.
Ce fruit, dont il semble exister pas moins de deux cents espèces (!) pousse sur des sols acides, non calcaires, soit des sols mère de schistes ou des granites.
Aujourd'hui, une association, créée en 1994, appelée Myrtilles & Montagnes d'Ardèche, a pris les choses en main. Elle regroupe les professionnels (producteurs, expéditeurs, transformateurs et restaurateurs…) autour de la sauvegarde de ce patrimoine naturel local : depuis une vingtaine d'années, les deux tiers de la surface de landes à myrtilles ont disparu du département. Son objectif principal ? Obtenir des aides pour pérenniser l'entretien des landes.
Pour l'heure, l'association bénéficie de l'aide de la chambre d'agriculture du département et du programme Leader 2 (Union européenne) et de la région Rhône-Alpes dans ses démarches.

Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°254 (du 09 au 15 septembre 2005).

jeudi 6 septembre 2012

Pomme de reinette et pomme…


RHÔNE-ALPES : LA COMBE DE SAVOIE

Si nombre d'entre nous ont passé l'âge des chansons enfantines le temps passe aussi pour nos vergers, aujourd'hui envahis de fruits élaborés à la productivité optimum.

Voie unique de communication en son genre, entre les Préalpes et les hautes Alpes, la Combe de Savoie représente la partie nord du sillon alpin. Une sorte de continuation du pays de Grésivaudan, vaste vallée dans laquelle l'homme a semé ses routes, voies de chemin de fer, industries et autres développements résidentiels. Tout comme lui, la Combe est un pays écrasé entre deux massifs, celui, au couchant, des Bauges, et au levant, de la Maurienne. Mais ce couloir minéral vers les hauts sommets alpins possède un avantage sur le Grésivaudan : celui d'avoir su, pour une grande part, conserver sa touche naturelle grâce à la persistance d'activités agricoles qui contribuent à la préservation du paysage. Ce n'est pas là la seule région maraîchère des environs, le pays genevois voisin possédant aussi une forte densité de ces serres, sorte de tunnels chauffés qui fréquentent souvent les abords des villes, comme Chambéry ou Albertville.
C'est dans cet environnement agricole qu'est née l'une des plus étonnantes des Indications Géographiques Protégées (lGP), puisqu'elle concerne non pas un, mais des produits naturels, non pas un, mais des fruits : l'IGP « Pommes et fruits de Savoie » (lire ci-dessous). Il s'agit, en effet, d'un cas pour l'heure unique en Europe, puisqu'il concerne non seulement des variétés très diverses, tour à tour traditionnelles ou issues de croisements, mais il couronne aussi un important travail de qualité poussé par des producteurs aujourd'hui fiers de ce label.
Née d'un croisement avec un coing
Il existe en Savoie une tradition fruitière, le pommier, comme le poirier, faisant partie du paysage des jardins privés. Mais les seules variétés locales ne pouvaient raisonnablement permettre aux producteurs de s'adapter aux contraintes du marché. D'autres variétés ont donc été mises en culture de façon intensive sur le sol de la Combe de Savoie dont les zones de piémont se sont fait la spécialité… Poire « passe-crassane » et pomme « Canada » ont assisté au débarquement des « fuji » et autres espèces élaborées…
Deux mots sur cette première, puisqu'il nous est impossible de faire le tour de toutes ces espèces et variétés : elle est née d'un croisement avec un coing en 1845 grâce à un certain M. Boisbunel, pépiniériste à Rouen. C'est la poire d'hiver par excellence, car elle se conserve facilement. Elle est, par ailleurs, grosse et ronde, à la pelure épaisse sous laquelle se cache une chair très juteuse et acidulée qui révèle quelques grains sous la langue. Sur nos étals, elle porte souvent un bouchon de cire rouge sur son pédoncule. Celui-ci sert à ralentir l'évaporation de son eau et donc son mûrissage. Finalement, cette passe-crassane résume bien ses consœurs, tout à la fois fragiles et délicieuses, créées de toutes pièces, mais reconnues et appréciées. Elle reflète aussi un marché obnubilé par des produits standardisés et productifs, aux dépens de variétés sans doute encore plus fameuses, mais méconnues…

Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre n°252 (du 26 août au 1er septembre 2005).