RHÔNE-ALPES : LES BOUTIÈRES
Comme le prouve l'intéressante production de
myrtilles en Boutières (Ardèche), il n'y a pas que les fruits de culture qui
intéressent les agriculteurs. Quand la patience permet d'arrondir les fins de
mois…
Le pays des Boutières est un peu la charnière entre
Bas et Haut Vivarais, une sorte de verrou naturel entaillé par la rivière
Entraygues et ses affluents. C'est le pays du mont Gerbier-de-Jonc, berceau de
la Loire, celui de ce « chambas », nom local des terrasses, façonnées
par l'homme au cours des âges afin de dompter une nature capricieuse. Du côté
du couchant, les Boutières prennent des allures d'Auvergne, avec des reliefs
granitiques, vestiges érodés d'une activité volcanique antédiluvienne. Côté
levant, le paysage reste celui du Vivarais, avec de profondes vallées en plus,
des maisons adossées à la pente, des herbages et des forêts quand l'homme n'a
pas tout jeté à terre pour planter ses châtaigniers…
C'est dans ce paysage aux relents chaotiques que
s'est développée une petite économie fruitière, celle de la myrtille.
Plus de deux cents variétés connues !
L'Ardèche demeure, en effet, le premier pays
producteur de France de ce fruit dans sa forme sauvage, cueilli manuellement,
sans produits chimiques, 100 % naturel. Si cette activité apporte un
revenu complémentaire à quelques agriculteurs, elle reste l'objet de toutes les
attentions, puisque les ronces et autres genêts exercent une perpétuelle
pression sur les landes de myrtilles qui viendraient à disparaître sans ces
soins constants.
La cueillette s'exerce ici à l'aide d'un
« peigne » qui détache le fruit de son pied, pour le faire choir dans
une corbeille. Un travail pénible, dos courbé puisque le myrtillier n'excède
pas les 20 à 30 centimètres de hauteur.
Ce fruit, dont il semble exister pas moins de deux
cents espèces (!) pousse sur des sols acides, non calcaires, soit des sols mère
de schistes ou des granites.
Aujourd'hui, une association, créée en 1994,
appelée Myrtilles & Montagnes
d'Ardèche, a pris les choses en main. Elle regroupe les professionnels
(producteurs, expéditeurs, transformateurs et restaurateurs…) autour de la
sauvegarde de ce patrimoine naturel local : depuis une vingtaine d'années,
les deux tiers de la surface de landes à myrtilles ont disparu du département. Son
objectif principal ? Obtenir des aides pour pérenniser l'entretien des
landes.
Pour l'heure, l'association bénéficie de l'aide de
la chambre d'agriculture du département et du programme Leader 2 (Union
européenne) et de la région Rhône-Alpes dans ses démarches.
Julien Frizot – Le Bien Public – Quartier libre
n°254 (du 09 au 15 septembre 2005).
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