samedi 3 septembre 2011

Le sourire vert de l'Adour

AQUITAINE : LA CHALOSSE

Introduit dans nos contrées il y a à peine une trentaine d'années le kiwi des antipodes a trouvé, notamment en Aquitaine une terre d'accueil fertile et généreuse.

© J Frizot.
Voici un coin de France dont le nom reste pour le moins curieux. Il serait sans doute plus rassurant de parler de pays dacquois, mais ce serait limiter ce coin de l'Hexagone aux seuls environs de la ville de Dax, joyeuse et souriante capitale. Souriant, voilà bien le maître-mot de cette évocation sudiste.
Déjà parce qu'il définit remarquablement la morphologie de la région, avec ses petites collines fertiles, ce pays gras qui fait la prospérité de ses habitants depuis des générations.
Ensuite, parce que, pris dans son intégralité, notre carré de terroir de ce jour s'appelle en réalité Chalosse de Pouillon, une dénomination pour le moins amusante de ce pays que l'on peut envisager de bien des façons, sauf pouilleux.
C'est le pays sud de l'Adour, limité par le Nord par les « barthes », ces pelouses inondables qu'occupent parfois des équidés de toute sorte, chevaux ou poneys.
Enfin, on ne saurait parler de la Chalosse, de ce pays d'opulence, sans évoquer ses richesses agricoles. Ici, on se nourrit de cultures, notamment de blé et de maïs, mais aussi de vignes, et puis, surtout, d'une spécificité locale que nombre de Français associent à un beau sourire de Dame nature dans leur corbeille à fruit, quand les premiers frimas de l'hiver approchent : le kiwi, actinidia delidosa !
Oui, la Chalosse du côté béarnais est, en effet devenue, terre d'élection du kiwi en pays de France. Nous évoquons ici une invasion récente puisque, si le fruit existe en Chine de façon naturelle depuis des millénaires, il faut attendre le début du XXe siècle pour en connaître la domestication due au travail des Néo-Zélandais qui lui donnèrent, bien sûr, un nom de chez eux. La production locale n'a rien de folklorique, représentant un quart de la production nationale avec pas moins de 20.000 tonnes de fruits, le résultat d'environ trente ans de pratique, puisque voici trois décennies que le fruit des antipodes a fait son nid dans le coin. Des efforts par ailleurs récompensés par l'obtention d'un label rouge, gage de qualité et de reconnaissance pour les 350 agriculteurs producteurs du milieu.
Comment choisir ses kiwis
Mais qu'est-ce qu'un bon kiwi ? Savons-nous vraiment les choisir ? Les conserver ?
Ce fruit d'hiver, véritable valeur sûre par l'excellence de ses apports en vitamines C, magnésium, fibres et autres atouts nutritionnels, doit avoir, lors de son achat, une peau brun clair, velue et non fripée. Cette peau doit aussi rester souple aux deux extrémités du fruit et ne céder que très légèrement sous la pression des doigts. S'il est trop mou, il est probablement trop mûr et il a sûrement perdu son délicieux goût acidulé. Et, surtout, ne le mélangez jamais aux pommes ou aux bananes, qui ont la fâcheuse habitude d'accélérer sa maturation. Dit climatérique, le kiwi continue en effet de mûrir après sa récolte. Pour freiner celle-ci, deux ou trois semaines au réfrigérateur s'imposent, mais pas plus ! Il peut donc aussi être acheté ferme, pour peu que vous lui laissiez le temps de s'exprimer.
Alors n'hésitez pas à le couper en deux le matin, aux aurores, et à le savourer à la petite cuillère à côté de votre café et de votre jus d'orange.

Article paru dans le supplément culturel hebdomadaire du journal quotidien Le Bien public intitulé
Quartier libre n°259 (du 14 au 20 octobre 2005), J Frizot.

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